Un retour sous les feux des projecteurs

Epilogue

Cela fait bientôt une semaine que nos trois alpinistes aguerris sont revenus des montagnes boliviennes : ils ont en effet atterri comme prévu vendredi 19 juillet dernier à 9h du matin, heureux et comblés.

Paul raconte, peu de temps avant le retour sur le sol français :

« Mission accomplie. Nous avons atteint nos objectifs.

Apres la période d’acclimatation de 2 semaines au-dessus de 4000 mètres, (4000 m à La Paz, puis au bord du lac Titicaca, et 4700 m pendant une semaine ), nous avons fait une tentative de l’Acotango (6071 mètres). Je suis arrivé à 5850 mètres. Guillaume est arrivé au sommet.

Puis nous avons enchaîné deux jours plus tard vers le Parinacota (6340 mètres). Apres 11 heures 30 d’ascension, nous avons atteint l’altitude de 6130 mètres, dépassant l’altitude atteinte précédemment par un greffe cardiaque (6120 mètres).
Nous n’avons pas pu atteindre le sommet du Parinacota car il était tard (16H30), et il aurait fallu encore deux heures. La grande fatigue et le souci de la descente nous ont conduits à faire demi-tour (Alain et moi). Guillaume a fait le sommet : il avait de l’avance.

Arrivée au camp d’altitude à 19H30 à la frontale, très très fatigués mais heureux de la merveilleuse journée.
Nous avons eu de la chance : grand beau temps, itinéraire régulier et progressif et bonnes conditions de neige, (contrairement à l’Acotango, où nous avions rencontré une pente raide avec des pénitents, autant de grandes marches irrégulières qui nous ont épuisées). Le secret de ma réussite a probablement été la lenteur : jamais longtemps dans le rouge, hydratation et pauses régulières. »

France ADOT77 et Millet ont récemment relayé l’information sur leurs sites, forums et page Facebook respectives : merci à eux !

Grâce à cet exploit hors du commun, Paul, avec l’indéfectible soutien de Guillaume et Alain, a prouvé qu’après la greffe, une autre vie était possible : pleine d’espérance et d’accomplissements, loin de la fatalité du traitement et des médicaments.

La suite  ?

Pour Paul, le repos n’est pas prévu pour tout de suite : en sportif invétéré, il est reparti ce lundi 22 juillet pour  les Jeux Mondiaux des Transplantés qui commencent ce dimanche 28 juillet à Durban, Afrique du Sud. En effet, il représentera la France en tant que pongiste pour l’épreuve de tennis de table. Il y retrouvera de nombreux compagnons rencontrés notamment lors de la Course du Cœur de Mars (Paris – Chamonix en relais) dont Gisèle, une athlète suisse, embarquée dans la délégation helvète représentée par une équipe de 15 autres sportifs, 1 physiothérapeute et 7 supporters.

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Paul et Gisèle déguisés pour la Course du Coeur

Pour Guillaume, Alain et moi-même, c’est l’épreuve du tri des photos et vidéos qui nous attend : en effet, la sélection va être ardue pour la réalisation de l’album photo de l’expédition que les Ululiens ont commandé, et le choix de la photographie pour le poster 30×40. Les cartes postales ont été envoyées mais pas encore toutes reçues pour la plupart, et Alain a fait une petite sélection de produits locaux boliviens qui en ravira plus d’un.

Par ailleurs, un « dérushage » des vidéos prises lors de l’expédition avec les deux Sony Handycam et la GoPro est prévu (plutôt courant août à mon retour de vacances) afin de commencer le montage du film Millet qui sera diffusé lors de la prochaine « Nuit des Expé » autour de Septembre. On a du pain sur la planche !

En attendant la diffusion du film complet de l’expédition, vous pouvez voir et revoir les autres vidéos disponibles sur la chaîne Vimeo de l’expédition.

Après l’effort, le réconfort

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Relaxation et détente…

 

Après ces intenses semaines d’efforts, un petit tour par les eaux chaudes et souffrées n’est pas superflu !

Avec en prime, quelques photos autour de Sajama :

6136 Mercis !

C’est avec bonheur et admiration que je vous annonce que la mission est accomplie !

Paul, Alain et Guillaume sont parvenus à mobiliser tous leurs efforts pour emmener Paul jusqu’à une altitude de 6136 mètres (et non 6124 comme indiqué précédemment), ce 12 juillet à 14h, heure locale. J’ai pu avoir Alain en ligne qui nous remerciait tous pour nos encouragements, car cette ultime ascension était la dernière possible (dernier jour à Sajama). Il m’expliquait que pour les courses précédentes, le temps et le froid avait mis leur moral en berne, mais nos messages de réconfort ont été déterminants.

Cela vaut bien 6136 remerciements !

Ils redescendent à présent doucement vers la Terre ferme pour un retour en territoire français ce vendredi. Les photos et les vidéos arriveront en suivant.

Restez connectés !

Hanitra, pour « 6000m avec le coeur d’un autre »

Dernière tentative !

Je viens à l’instant de raccrocher pour vous retransmettre le message d’Alain avant cette ultime ascension.

Ils sont actuellement au camp d´altitude du Parinacota à 5150 m et le jour se lève sur la vallée, le ciel est magnifiquement encore étoilé. Il a fait vraiment très froid cette nuit et Alain me parle avec un mélange de fatigue et d’émotion, il est très essoufflé. Ils ont mis le téléphone en veille et recoivent bien tous vos messages que je transmets par SMS. A l’entendre, j’imagine mieux les difficultés et les efforts à fournir à cette altitude… Guillaume est déjà parti en éclaireur pour tracer le chemin, Paul et Alain sont sur le départ pour cette dernière tentative.

Un dernier effort et vous y êtes, courage !

Première tentative à 6000m difficile

Une ascension haletante

L’ascension de l’Acotango ne fut vraiment pas de tout repos! Les résultats de la course sont disparates : Paul a atteint 5850 mètres, Alain est parvenu à 5950, Guillaume est arrivé au sommet à 6071m (cette mesure est commentée dans le paragraphe suivant).

La progression de Paul est encourageante par rapport à la dernière course de la semaine dernière, car il n’est désormais plus qu’à 150m de l’objectif ! Voici quelques photos prises lors de l’ascension :

Ils ont besoin de vos encouragements, vous pouvez les transmettre en envoyant vos vœux à l’adresse suivante : bolivie2013@expe.voyage Sachez qu’ils sont retransmis par sms sur leur téléphone satellite au fur et à mesure !

Eclairage du jour : l’Acotango, 6071 ou 6054 mètres ? Pourquoi existe-t-il des différences ?

Alain, grâce son ancienne vie de géomètre, nous explique les raisons pour lesquelles il peut y avoir des écarts de mesure :

Il n’existe pas de référence altimétrique mondiale partagée par tous les systèmes géodésiques. En France par exemple, le zéro provient d’une moyenne de mesure du niveau de la mer Méditerranée; cette moyenne a déjà été modifiée en 1969, elle est maintenant de 1,661 m sous le repère fondamental situé dans le local du marégraphe de Marseille.

Donc comment fait-on ? On définit des modèles nommés « géoïde ». Ces modèles représentent une « patatoïde », c’est-à-dire une sphère aplatie légèrement déformée. Il existe plusieurs modèles, notamment américains et européens. Ce géoïde est une surface de référence d’altitude zéro.
Ensuite, on choisit une projection. Il en existe 3 grands types : cylindrique, conique ou tangentielle. En France, l’armée utilise la cylindrique, et les topographes la conique (ce qui explique que l’on trouve des marques bleues et d’autres noires sur une même carte IGN). Pour les petites cartes locales ou équatoriales, on utilise la tangentielle. Passer d’un système à un autre engendre des écarts inévitables.

Les cartes boliviennes sont plutôt bonnes dans le nord, notamment dans la chaîne de la cordillère Royale car elles ont été réalisées par des cartographes allemands. Pour la partie Ouest, les cartes sont plutôt mauvaises, voire inexistantes pour l’Acotango. Dans ce cas, comment a été mesurée l’altitude ? On peut le faire par mesure directe (intersection d’angle depuis un point connu, ou angle + mesure de distance au laser), ou par mesure indirecte (photographie aérienne, différence barométrique, mesure radar par satellite). Pour la Bolivie, le plus probable serait le photographie aérienne (cas des pays ayant peu de moyens).

En résumé, les écarts peuvent provenir du référentiel (le GPS de Guillaume semble utiliser le modèle américain de base), de la projection, de la méthode de mesure. On peut ajouter un paramètre supplémentaire : la nivologie (par exemple, s’il a beaucoup neigé…on a ainsi remonté le Mont blanc de 2m récemment, soit 4810m).

Aujourd’hui, Alain observe 200 m d’écart avec Guillaume qui utilise un Forerunner 305 Garmin (4050 au lieu de 4250 m), car il utilise un altimètre barométrique (qui fonctionne avec le calcul de la pression atmosphérique). Si le temps change, il doit recaler son altimètre. Inversement, si au camp  de base son altitude change, c’est que la météo change… Avant le départ, nos compères avaient lu l’altitude de l’Acotango (6054m) dans le livre de référence de J. Biggar sur les sommets de l’Amérique du sud.

Objectif Acotango

Objectif Acotango ! (6054m)

Objectif Acotango ! (6054m)

A l’heure où j’écris ces lignes, pour Paul, Alain et Guillaume, il est 3 heures du matin et ils sont secoués par le 4×4 qui les amène au pied de l’Acotango, pour une première ascension au-delà de 6000m à la frontière entre Bolivie et Chili.

Ils sont arrivés à bon port à Sajama dimanche soir, après avoir parcouru près de 230 km dans la journée depuis la Paz. Ils n’ont toujours pas reçu le colis de nourriture lyophilisee (viande et fromage!) bloquée à la douane qu’Aldo et Elena, leurs contacts sur place, tentent malgré tout de récupérer. Hier, ils ont rencontré leur contact local pour préparer la course d’aujourd’hui et en ont profité pour visiter le village quasi désert, presque fantomatique (!) de Sajama. Puis lever à 2 heures pour un départ à 3 heures : c’est parti !

Le débit internet est très lent mais ils ont réussi à transmettre ces quelques photos :

 

Des difficultés à 5280

Brèves du 07 Juillet

Ce mercredi 3 juillet, après 2 jours de repos sous tente mais dans le froid, nos 3 compères ont fait une seconde course de 8 heures pour une ascension à 5280 m sur le Huyla Llojeta. Celle-ci fut apparemment particulièrement éprouvante pour Paul, qui a ressenti une limitation probablement pulmonaire. Les épisodes neigeux les ont certes contraints à rester sous le Tipi, mais leur ont permis de mieux s’acclimater. Ils sont rentrés ce vendredi à La Paz en plutôt bonne condition physique, ce qui reste le plus important. Ils sont ce dimanche en transit à La Paz avant de repartir pour le parc de Sajama, au sud du Pays.

Quelques photos du camp de base à 4700 mètres, celles de leur parcours sur le lac Titicaca sont dans l’onglet « Galerie » :

Suite du programme – Partie II

Voici la mise à jour du programme pour cette seconde partie de périple :

  • ven 05/07/2013 > Retour La Paz
  • sam 06/07/2013 > La Paz – preparatifs
  • dim 07/07/2013 >Départ vers Sajama
  • lun 08/07/2013 >Repos
  • mar 09/07/2013 > Tentative Acotango 1
  • mer 10/07/2013 > Repos
  • jeu 11/07/2013 > Repos
  • ven 12/07/2013 > Parinacota camp altitude
  • sam 13/07/2013 > Parinacota
  • dim 14/07/2013 > Parinacota marge de sécurité
  • lun 15/07/2013 > Retour La Paz
Repérage des 3 plus hauts sommets de la Cordillière Royale

Repérage des 3 plus hauts sommets de la Cordillière Royale

Nous savons que vous êtes nombreux à suivre le blog : si vous souhaitez transmettre vos encouragements et vos voeux, n’hésitez pas à écrire à bolivie2013@expe.voyage ou à utiliser le formulaire de la page « Contact ».

Une année La Nina ?

Il semble que cette année soit encore une année La Nina aux dires des guides locaux.

La Nina c’est ce phénomène climatique qui arrive après El Niño, et qui amène froid et précipitations sur la côte pacifique nord de l’Amérique du Sud.

Lors de notre première semaine d’acclimatation, chaque jour ou presque nous avons eu droit à un épisode de neige ou de grésil. Pas très longs, souvent la nuit, et fondant en quelques heures de soleil. Nous avons tout de même pu partir en montagne mais ce n’était pas toujours facile de prévoir une course à l’avance.
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Le grand beau est annoncé à partir de mardi. Espérons que cela soit exact.

5100 !

Communication satellitaire via Iridium établie : Alain m’a écrit hier et m’a appelée aujourd’hui pour me rapporter leurs péripéties !

Etat d’avancement du 03/07

Bonnes nouvelles, puisque le premier sommet à 5120m a été franchi dimanche avec succès et sans problème de santé à signaler, hormis le mal de crâne classique pour tout le monde. Lundi et mardi ont dû être consacrés au repos après cette course, prolongé par les fortes chutes de neige durant les deux nuits. Aujourd’hui, ils s’attaquent au deuxième sommet de la semaine. Il a l’air de faire vraiment très froid par rapport aux températures prévues : « Mais c’est vivifiant ! », rassure Alain.

Eclairage du jour : Interview du Docteur Verdier

Le docteur Verdier, cardiologue du sport, nous explique dans cette interview vidéo quelles seraient les difficultés que Paul serait susceptible de rencontrer durant son ascension.

Voici un extrait de l’interview que Guillaume a menée, quelques semaines avant le début de l’expédition :

Guillaume :

Paul a-t-il bénéficié d’un entraînement spécifique ? Quelles sont ses limitations par rapport à une personne non greffée ?

Dr Verdier :

Il existe deux limitations qu’une personne greffée est amenée à subir : la première est son débit maximum cardiaque, altéré durant la conservation temporaire du coeur pendant le transfert du donneur au receveur; la seconde est sa capacité oxydative musculaire, c’est-à-dire son rendement musculaire, amoindri par les immuno-suppresseurs.

Entre ciel et terre

Au nom de Paul, Guillaume et Alain, je tiens d’abord à remercier tous ceux qui nous lisent jour après jour et qui nous témoignent leur soutien : tous vos messages sont bien transmis !
A l’heure où j’écris ces lignes, il est 6 heures de moins en Bolivie soit 20h, et je suppose (et espère !) que leur première ascension s’est bien déroulée.

Un peu de géographie…

D’une surface quasi équivalente à 2 fois celle de la France, la Bolivie a deux particularités géographiques remarquables : elle possède l’Altiplano, un haut plateau situé au milieu des Andes, et le lac Titicaca, la plus vaste étendue d’eau sud-américaine et la plus haute car située à 3800 mètres au-dessus du niveau de la mer (pour rappel, le Mont Blanc culmine à 4810m). Cette altitude naturelle exceptionnelle est la raison pour laquelle ce pays a été choisi pour l’expédition. La Paz étant elle-même la capitale la plus haute du monde, y séjourner permet à nos 3 compagnons de s’acclimater, l’objectif étant de réduire au maximum l’impact des effets du MAM (mal aigu des montagnes), qui pour eux s’est manifesté 12 heures après l’arrivée en altitude.

Au programme donc : rando de 5 heures sur les crêtes de 4000m de l’île du Soleil hier, qui permet de préparer leur condition physique à l’effort; transit à Copacabana ce midi pour se diriger vers le camp de base à 4700m. « En altitude, le temps se ralentit, surtout à l’effort, où tout se concentre…. sur l’effort justement. La santé est bonne et le moral aussi ! » nous rapporte Paul.

…Et de cartographie

Ils ont en effet choisi de s’attaquer, durant la première partie de leur séjour qui s’étendra jusqu’au 5 juillet, à plusieurs sommets de la Cordillère Real qui entourent le lac de Janco Cota. Le point culminant est le Janco Hoyo, à 5512 m avec des dénivelés de plus de 800 mètres. Pour rappel, l’année dernière au Pérou, Paul n’avait pas pu monter au-delà de 5300. Si cette étape est couronnée de succès, nous pourrons être optimistes pour la seconde partie !

En termes de logement, ce sera camping au bord du lac : heureusement que le groupe Millet et ses partenaires ont fourni de quoi lutter efficacement contre le froid !

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Carte de la première partie de l’expédition (c) Google Maps

La suite au prochain épisode !